venerdì 5 settembre 2003

Buongiorno, notte: Libération

Libération 5.9.03
(...)
Après ça, dire que le nouveau film de Marco Bellocchio nous a fait de l'effet est le plus sûr moyen de se couvrir de ridicule. Certes, Buongiorno, notte prête peu le flanc à la flagellation chic du scandale. C'est un film morose comme cette fin des années 70 qu'il évoque à travers l'épisode tragique de l'enlèvement par les Brigades rouges d'Aldo Moro, chef des démocrates-chrétiens italiens. Moro et les siens étaient sur le point de sceller une alliance avec les communistes, jugée scélérate par les terroristes d'extrême gauche. Le point de vue sur l'enlèvement est celui d'un personnage inventé par le cinéaste, Chiara (Maya Sansa), 23 ans, engagée au côté des terroristes mais dont les convictions vacillent dans la promiscuité avec le vieil homme. Le film montre les brigadistes en soldats ombrageux de la cohérence idéologique, habités d'une passion révolutionnaire qui les hisse au rang de porte-parole utopiques d'un peuple dont ils ne comprennent pas qu'il ne se soulève pas enfin.

Puritanisme. Ce cul-de-sac terroriste et la mise à mort de Moro sont retravaillés librement par Bellocchio, en insistant sur les fièvres de l'inconscient et la religiosité refoulée des brigadistes, cerveau farci au pathétique de la révolution d'Octobre et aux souvenirs des exactions fascistes. Un même fil historique tient ensemble le 68 érotomane de Bertolucci (The Dreamers, Libération du 2 septembre) et l'année 78 ressuscitée par Bellocchio. Dix ans d'intervalle, où la radicalisation politique va de pair avec une haine du corps et un puritanisme sexuel pour le moins lourds de sens.