Da L’imbécile, rivista satirica francese, ottobre 2004
QUELQUES SYNCOPES DANS LA VIE DE
FREUD VOYAGEUR
par Philippe Garnier
L’amnésie et la mort, la momie et la trahison du père: étranges récurrences à travers quelques voyages de Sigmund Freud.
En 1900, Sigmund Freud écrit à son cher ami Fliess: «J’ai voué à Vienne une haine personnelle, et, à l’inverse du géant Antée, je prends des forces nouvelles dès que je pose le pied hors du sol de cette ville où je réside».
Cet amour-répulsion pour Vienne expliquerait-il en partie les troubles singuliers dont Freud fut plusieurs fois victime en voyage. Cette ville abhorrée n’est-elle pas aussi l’élément vital qu’il ne peut quitter sans s’exposer à de graves dangers?
Exaltation voyageuse et angoisse, désir de fuite et agoraphobie marquée, telle semble être l’alternative de Freud voyageur.
Éclipse du père sur l’Acropole
Quand il ne passe pas un mois d’été dans les Alpes, Freud est un visiteur assidu de patrimoine artistique, de musées et de monuments. Ce type de voyage s’apparente au « grand tour» familial d’un bourgeois cultivé des années 1900 Rome, Sicile, Paris, Londres, Athènes. La Gradiva, le Moise de Michel-Ange, l’autre Moshé, celui de San Pietro in Vincoli., Hôtels de renom, tel le Grand Hôtel des Palmes de Palerme, fréquenté naguère par Richard Wagner et quelques décennies plus tard, par le richissime Raymond Roussel qui s’y suicidera en 1933. Sans doute cette opulence touristique trahit-elle un secret orgueil social.
En 1904, Freud visite l’Acropole, ce qu’attestent son frère Alexander et d’autres compagnons de voyage. Mais il est la proie d’un curieux trouble: il lui est impossible de croire à ce qu’il voit et ce manque de conviction continue à affecter son souvenir de l’épisode. Freud n’est pas sur d’avoir visité l’Acropole. Un peu plus tard, dans une lettre à Romain Rolland, il analysera ce «trouble de mémoire» ce voyage témoignait d’un tel changement de condition et d’une telle ascension sociale par rapport à celle de son père, qu’il devait forcément être gommé entièrement de sa mémoire.
Devenir soi-même la momie
À mesure qu’arrivent notoriété et influence, ces voyages deviennent indissociables de l’essor du mouvement psychanalytique, essaimant en Europe et outre-Atlantique. Alors, c’est bel et bien Freud lui-même qui est en train de devenir le «père» À Brême, au moment de s’embarquer pour l’Amérique en compagnie de Jung et Ferenczi, il est victime d’un évanouissement. Sur le bateau, les trois hommes en profitent pour analyser activement leurs rêves. Péril symbolique, la traversée est aussi onirique.
Autre évanouissement dans le train, en Allemagne, avec Jung à ses cotés. Cette fois, il est question d’une photo de cadavre néo
lithique que lui montre Jung sur le journal, une momie des tourbières découverte en Angleterre. Qu’a vu Freud sur cette photo? Le voyage et la mort, la vision de soi-même en cadavre voyageur à travers le temps?
Dernier évanouissement, toujours en compagnie de Jung, et toujours à propos de momies. Il s’agit cette fois du pharaon Aménophis IV, le futur Akhenaton, évoqué par les deux hommes qui déjeunent à Munich en novembre 1912. Ayant instauré le monothéisme, Akhenaton avait effacé le nom de son père de tous les monuments d’Egypte. Bientôt, sans lien apparent avec le pharaon égyptien, Freud se met à reprocher à Jung de publier dans des revues suisses certains textes qui ne mentionnent pas son nom, à lui Jung rétorque que la mention du nom de Freud est inutile car tout le monde sait qu' il est le père de la psychanalyse. Mais Freud s’obstine dans son reproche, s’énerve et soudain, tombe évanoui. Revenant à lui, il dit «comme il doit être agréable de mourir. » Dans une lettre à Jones de 1912, Freud reliera cet incident à l’ambivalence homosexuelle de ses sentiments pour Fliess et Jung, sentiments liés à la ville de Munich. Sur l’effacement du nom du père, pas un mot. Freud et Jung se séparent définitivement en 1914. L’évanouissement, la mort et le voyage: Freud traverse le temps et se voit soudain en pharaon momifié.
«SEGNALAZIONI» è il titolo della testata indipendente di Fulvio Iannaco che - registrata già nel 2001 - ha ormai compiuto il diciottesimo anno della propria continua ricerca e resistenza.
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