mercoledì 6 aprile 2005

Libération: Papolâtrie

una segnalazione di Dicta Cavanna

Libération mardi 05 avril 2005

Vatican Editorial
Papolâtrie
Par Patrick SABATIER

Il faut avoir la foi en la raison chevillée au corps pour ne pas être noyé dans le déferlement d'eaux bénites et la papolâtrie qui accompagne la disparition de Jean Paul II. Dans les médias, mais aussi de la part des Etats. A commencer par la République française prétendument laïque, qui, en bonne fille aînée de l'Eglise, entonne comme une chorale, Président en tête, l'alléluia catholique accompagné aux grandes orgues cathodiques.
La compassion envers le défunt, la tolérance des religions, le fait que ce pape ait eu un rôle politique, n'empêchent pas de frémir devant l'unanimisme quasi universel de l'hommage, et l'étouffement de toute critique d'un bilan pourtant très contestable.
Ultraconservateur, Jean Paul II incarnait un retour de bâton religieux, à l'oeuvre dans tous les intégrismes plus ou moins virulents ­ hindouiste, islamique ou chrétien ­ qui gangrènent l'humanité, rêvant de soumettre les sociétés à des lois prétendument divines. Ce fait religieux se nourrit d'une triple angoisse, exacerbée par le monde moderne. D'abord celle des êtres humains confrontés à leur condition, toujours solitaire et mortelle, qui craignent l'avenir et aspirent à se fondre dans le «troupeau» suivant un «berger». Celle des dirigeants ensuite, soucieux de préserver des rouages de légitimation sociale et morale éprouvés, après l'échec des idéologies politiques. Celle des religions enfin. Elles aussi sont (presque) partout en repli. Elles mènent avec vigueur une guerre sainte contre la culture moderne. Car celle-ci, fondée sur l'individu, le libre arbitre, la nécessité du doute, et du savoir, menace l'ordre moral et spirituel dont les religions prétendent avoir le monopole.

Libération mardi 05 avril 2005
La mort du pape Jean Paul II
Service public, France 2 ou Télé Vatican ?
Charles Bottarelli, Toulon

L'overdose médiatique avant, pendant, et après la mort du pape m'amène à poser deux questions. La première : France 2 est-elle encore une chaîne de service public ? La deuxième, qui en découle : la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat est-elle encore en vigueur dans notre pays ? Le zèle avec lequel les journaux télévisés ont été rallongés pour traiter de la mort du pape (y compris avant que celle-ci soit effective, quelle élégance !) m'amène à me demander si en payant dévotement ma redevance je ne paie pas en même temps le denier du culte.
Que cela plaise ou non aux responsables de France 2, il y a une foule de gens qui ne se reconnaissent en rien dans les faits, les gestes et les déclarations du pape, quel que soit son nom, et qui par conséquent accordent à la mort de celui-ci comme à l'élection du prochain une importance tout à fait relative.
Au moins deux accidents de parcours sont venus gâter le bel enthousiasme des journalistes de la Deux. Samedi soir, le journal a commencé par 25 minutes sur le sujet, avant qu'on daigne évoquer, en les saucissonnant en fines tranches (évidemment, il fallait rattraper le temps), d'autres informations tout à fait secondaires comme les ravages du sida au Malawi. On a omis de nous rappeler que les fermes recommandations contre le préservatif émises par le pape n'avaient pas contribué à améliorer la situation. Mais, surtout ; nous avons eu pendant 3 secondes une image terrible : celle du visage d'un malheureux enfant détruit par la maladie. Ces trois secondes ont rendu brutalement et tragiquement dérisoires les bigoteries des 25 minutes précédentes. Et, le lendemain soir, France 2 a carrément innové : son journal de près d'une heure n'a traité que d'une seule information : la mort du pape. Pour le reste, circulez, il n'y a rien à voir. Il ne s'est rien passé d'autre en France ni dans le monde. Service public ? France 2 ou Télé Vatican ?